Rayon Off
Rayon
km Réglez rayon pour la géolocalisation
Chercher

Pierre-Alain Trévelo: La robustesse d’une ville globale européenne

Pierre-Alain Trévelo:  La robustesse d’une ville globale européenne

L’Atelier International du Grand Paris s’engage avec ses partenaires pour la métropole du 21e siècle.

Afin de renouveler la promesse du Grand Paris, l’AIGP a imaginé un ensemble d’événements qui aura lieu du 5 novembre au 20 décembre, autour du thème « repenser, réinventer, s’engager pour la métropole du 21e siècle ».

Pour bâtir une stratégie efficace d’adaptation au dérèglement climatique, le Grand Paris doit garder sa puissance : en renforçant ses moteurs économiques et en les diversifiant, pour construire un mix économique comme on tend vers un mix énergétique. C’est dans cette optique que Jeudi 19 novembre, aura lieu l’Atelier « Produire autrement ».

En amont de cet évènement, Pierre-Alain Trévelo, architecte urbaniste et membre du Conseil Scientifique de l’Atelier International du Grand Paris livre son analyse et ses propositions

Economie, ressort de l’aménagement de la région capitale

Comme nous le disait Pierre Calame (Président honoraire de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme) en revenant au terme d’œconomie, l’économie étymologiquement, ce sont les règles d’organisation (nomos) de notre maison commune (oikos). Ainsi, la ville c’est de l’économie. De l’économie au sens le plus noble du terme. Et au-delà des performances énergétiques de nos bâtiments, ou des émissions de nos véhicules, la robustesse du Grand Paris dépend de la robustesse de son économie.

L’enjeu économique a toujours été le point névralgique de la planification en l’Île-de-France. Le culte du siècle dernier étant celui de la croissance, différentes planifications ont été partiellement réalisées en ce sens : les cités jardins des années 1930, les villes nouvelles des années 1960, les clusters en 2008. Cette progression de la planification pousse toujours plus vers la spécialisation et la focalisation sur le bureau, le neuf, l’innovant, des lectures partielles du système économique. Or, le Grand Paris est une économie complexe et diversifiée : première destination touristique mondiale, ville de culture et de patrimoine, première ville universitaire mondiale etc., sans oublier la production et la distribution qui recouvrent des champs économiques très variés. Le système existant, qui innerve déjà le territoire, en fait le premier PIB d’Europe devant Londres. Ce système doit être reconnu et placé au centre des réflexions du Grand Paris.

Economie et robustesse

Dans un contexte de mutations et d’incertitudes émerge la question de la robustesse du Grand Paris. Ce terme désigne une capacité de certaines organisations, structures, ou de certains matériaux à s’adapter à l’aléa, au choc ou à l’incertain. Alors que la résilience vise à retrouver l’état originel, la robustesse permet de dépasser cet état originel et de trouver un nouvel équilibre ainsi qu’une capacité à se réinventer. Cette notion est au croisement d’enjeux multiples : climat, inégalités socio-économiques croissantes, paramètres liés au vieillissement, développement de l’industrie, crise du tertiaire et de l’immobilier, obsolescence, friches et transformation.

Penser la transition métropolitaine nécessite dès lors de s’intéresser aux qualités nécessaires pour viser la robustesse, à savoir : la diversité (la multitude des économies qui infusent le territoire) ; l’interaction (l’écosystème unifiant ces différentes économies) ; l’équilibre (la taille, entre massification et dé-massification) ; l’adaptation (la capacité à penser dans le temps) ; le réemploi (l’utilisation des ressources).

Vers une économie circulaire territoriale

Une lecture rapide de la carte des produits urbains et des activités économiques de l’Ile-de-France permet de reconnaître des figures urbaines et des activités économiques récurrentes et archétypales (ZAE, secteurs logistiques, commerces de masse, polarités touristiques, grands et petits quartiers d’affaires, campus …) L’héritage du développement urbain « de secteur » nous livre ces formes urbaines enfermées dans leur périmètre, visant l’efficacité dans une illusoire autonomie, et distribuées avec optimisme fonctionnaliste, sur des territoires très variés.

Aujourd’hui, on continue de penser l’économie territoriale, non comme les règles de gestion de la maison commune, mais par le filtre des activités ou filières économiques prises comme des entités autonomes et spécialisées. Malgré leur obsolescence prévisible, on reproduit les modèles (du pôle d’affaire à la zone productive), alors que chaque territoire économique existant prend son sens dans une constellation de relations avec les autres lieux économiques (complémentaires et/ou concurrents).

Pour imaginer le futur des dynamiques en cours, il s’agit donc de sortir de la notion de périmètre et de « zone économique » pour regarder davantage comment la métropolisation reconfigure les relations proches et lointaines des archétypes urbains de l’économie Grand Parisienne. Les dynamiques de l’emploi, entre sièges sociaux et back offices ; la relation entre production lourde et économie de la connaissance; l’évolution du rapport entre lieux de travail et nouvelles formes d’organisation du travail ; l’influence mutuelle entre les nouveaux secteurs tertiaires et la vétusté accélérée du parc existant ; la relation entre la mobilité physique et virtuelle; sont autant de variables que la métropolisation augmente et met en exergue.

Prendre en compte cette nouvelle condition suppose de passer d’une lecture et d’une ambition économique sectorisée en filières, à l’optimisation et l’utilisation circulaire des multiples facettes et archétypes qui structurent aujourd’hui l’économie : de la sectorisation d’activités économiques en poches fonctionnelles, à une « oeconomie » circulaire du territoire, une meilleure organisation et mise en tension circulaire des forces en présence.

Il s’agit donc de changer de regard, pour valoriser les dynamiques collaboratives qui lient les territoires les uns aux autres. Cette mise en relation devra s’enrichir dans le temps, portée dès maintenant par les phénomènes émergents et les innovations progressives (mobilités, numérique, modes de vie…). Le futur métro jouera un rôle différent selon les territoires, les temporalités et les échelles que l’on prendra en considération. Par endroit il arrivera très vite, et changera radicalement la donne, ailleurs il se fera attendre, et restera un but à atteindre, qui ne manquera pas de stimuler une préparation des territoires … Il nous appartient d’imaginer comment l’orienter pour permettre l’émergence de systèmes métropolitains plus robustes. Chaque saison de la métropolisation portera en soi des conditions urbaines et des perspectives de mutation renouvelées.

Inscrivez-vous et retrouvez l’intégralité du programme de l’Atelier « Produire autrement » du Jeudi 19 novembre qui se tiendra de 10h-19h à La Défense (Hauts-de-Seine) sur :

http://www.grandparisclimat.fr/ateliers/produire-autrement